L’arrivée du printemps est, pour un bon nombre de jeunes, le moment idéal de décrocher un emploi pour la période estivale. Très avides d’acquérir de nouvelles connaissances et compétences, ils optent la plupart du temps pour un nouvel emploi.
En cette période de rareté de main-d’œuvre, les jeunes sont davantage sollicités depuis des mois, ce qui peut mettre une certaine « pression » sur eux. Cependant, ces tâches et responsabilités exposent les jeunes travailleurs à de nouveaux risques et dangers.
C’est en réponse à ces constats que le 1er juin 2023, l’Assemblée nationale a adopté le projet de loi 19 sur l’encadrement du travail des enfants, qui vise à favoriser la persévérance scolaire et à renforcer les mécanismes de santé et de sécurité entourant le travail des mineurs.
Très vulnérables, les jeunes travailleurs sont les plus touchés par les accidents du travail. D’ailleurs, les statistiques démontrent une « augmentation importante des lésions professionnelles des enfants ».
« Le nombre de lésions chez les 24 ans ou moins est en hausse de 12,5 % depuis 2016, et en hausse de 2,8 % entre 2020 et 2021. Les jeunes de moins de 20 ans sont particulièrement touchés (+27,0 % depuis 2016) », selon un portrait des statistiques sur les jeunes de la Commission des normes, de l’équité, de la santé et de la sécurité du travail (CNESST, page 8).
Concernant la hausse de 2,8 % mentionnée ci-dessus, elle est davantage « marquée chez les 19 ans ou moins (+11,2 %) alors qu’on ne constate que peu de variation chez les 20 à 24 ans (-0,1 %). »
Retour dans le temps : en 2015 seulement, on a compté plus de 10 000 lésions professionnelles chez les 24 ans ou moins selon la CNESST. « Entre 2009 et 2018, il y a eu une diminution de plus de 9 % des lésions chez les 24 ans ou moins. Cependant, le nombre de lésions est à la hausse depuis 2016. En 2018, plus d’une lésion sur dix se produit chez les jeunes, soit plus de 11 300 lésions », selon la CNESST.
Selon le Portrait lésionnel des jeunes travailleurs de 24 ans ou moins – Année 2021 de la CNESST, les lésions survenues durant les gros mois d’été de travail – juin, juillet et août – chez les 19 ans ou moins sont respectivement de 10,4 %, 13,7 % et 11,1 % du total des lésions, les pourcentages les plus élevés.
Le personnel médical (19,2 %) et les manutentionnaires (14,1 %) sont les deux professions en tête parmi lesquelles on retrouve le plus grand nombre de lésions chez les jeunes.
Cela dit, les 15 à 24 ans représentent 14,9 % de la population active (14,5 % en 2018) au cours de la saison estivale, soit de mai à août. La majorité d’entre eux travaillent dans les secteurs commercial, des soins de santé, de l’assistance sociale, de l’hébergement et de la restauration, la fabrication ainsi que la construction. Le secteur de la santé et de l’assistance sociale ressort : on y retrouve le plus de lésions chez les jeunes, tout comme c’est « également dans ce secteur qu’ils se blessent le plus pour un nombre de travailleurs équivalent », alors que pour les données de 2018, ils sont plus nombreux dans le secteur du commerce, mais se blessent davantage dans le secteur de la fabrication.
Pourquoi les jeunes travailleurs sont-ils les plus touchés?
Tout d’abord, pour s’assurer de procurer aux jeunes travailleurs une protection adéquate, l’employeur doit connaître les risques liés à l’emploi et être en mesure de les contrôler. Selon l’article 51 de la Loi sur la santé et la sécurité du travail (LSST), il est dans l’obligation de protéger la santé et assurer la sécurité et l’intégrité physique du travailleur.
L’intégration d’un jeune travailleur à un nouvel emploi se réalise en trois étapes distinctes, soit la formation, l’intégration et l’éducation.
D’abord, toutes les directives nécessaires pour accomplir les tâches de manière efficace et sécuritaire doivent être transmises au jeune travailleur. Une formation pertinente évitera des frais inutiles et des pertes de temps, augmentera la productivité de ce dernier et le motivera.
De plus, l’éducation à l’emploi est très importante afin de contrôler les risques. L’implantation d’une culture SST est primordiale pour réduire le nombre d’accidents du travail chez les 24 ans et moins. Pour ce faire, l’employeur doit acquérir la confiance des jeunes et ainsi les inciter à poser des questions.
Finalement, en comparaison avec un travailleur expérimenté, il faudra prévoir plus de temps pour l’intégration d’un jeune travailleur sur le marché du travail. Ce dernier nécessite plus de surveillance. Le jumelage avec un travailleur expérimenté est une stratégie payante. À titre de mentor, celui-ci a pour rôle de vérifier que le jeune maîtrise et comprend ses tâches et de répondre à ses questions.
Bref, l’arrivée d’un jeune travailleur à l’emploi est plus complexe qu’on pourrait le penser. Cependant, l’application de ces trois étapes permet un meilleur contrôle des risques.
Pour toutes questions concernant l’arrivée de jeunes et de nouveaux travailleurs dans votre équipe, joignez votre conseiller en prévention si vous êtes un employeur membre d’une mutuelle chez Novo. Ce dernier pourra vous assister dans leur intégration et vous proposer des formations adaptées à vos besoins.
Avec la hausse des accidents du travail et des lésions chez les jeunes, les employeurs doivent être davantage conscients des risques dans leur entreprise et qu’ils doivent poursuivre les efforts de prévention. Le simple fait de suivre l’intégration d’un jeune travailleur en trois étapes, soit la formation, l’intégration et l’éducation, pourra réduire davantage le nombre de lésions chez les 24 ans et moins.
Sources :
Gouvernement du Québec, Le ministre Jean Boulet présente le projet de loi 19 pour mieux encadrer le travail des enfants, [En ligne], 28 mars 2023. (Consulté le 10 mai 2023).
CNESST. Portrait lésionnel des jeunes travailleurs de 24 ans et moins – Année 2021, [En ligne], Avril 2023. (Consulté le 10 mai 2023).
CNESST. Portrait des jeunes travailleurs de 24 ans et moins – Année 2018, [En ligne], 31 octobre 2019. (Consulté le 12 mai 2021).
CNESST. Réseau – Formation et supervision des jeunes travailleurs, [En ligne], 1er février 2011. (Consulté le 12 mai 2021).
CNESST, Étudiantes et étudiants travaillant dans une colonie de vacances, [En ligne], (Consulté le 12 mai 2021).
CNESST, Travail des jeunes, [En ligne], (Consulté le 12 mai 2021).
Depuis le 1er juin 2023, les milieux de travail sont légalement tenus de respecter plusieurs nouvelles obligations lorsqu’il s’agit d’accueillir de jeunes employés dans leur équipe.
Un accident du travail se produit, quoi faire? En santé et sécurité du travail (SST), quelles sont les étapes à suivre, dans quel ordre doit-on faire les choses? Un accident peut survenir à tout moment sur les lieux du travail. Si un ou plusieurs de vos employés en sont victimes pendant l’exécution de leurs tâches, à titre d’employeur, vous avez des responsabilités.